Excerpt from Émile, Vol. 2: Ou de l'ÉducationUN penchant naturel l'intéreffoit au jeune fugitif, le lui fit examiner avec foin. Il vit que la mauvaife fortune avoit déja flé tri fon coeur, que l'opprobre le mépris avoient abattu fon cou rage que fa fierté changée en dépit amer ne lui mon troit, dans l'injufiice la dureté des hommes, que le vice de leur nature la chim'ere de la vertu. Il avoir vu que la reli gion ne fert que de mafque à l'intérêt, le culte facré de fau ve-garde a l'hypocrifie il avoit vu dans la fubtilité des vaines difputes le Paradis l'enfer mis pour prix a des jeux de mots; il avoit vu la fublime primitive idée de la Divinité défigurée par les fantafques imaginations des hommes; trouvant que, pour croire en Dieu il falloir renoncer au jugement qu'on avoit reçu de lui, il prit dans le même dédain nos ridicules rêveries, l'objet auquel nous les appliquons fans rien favoir de ce qui ell, fans rien imaginer fur la génération des chofes, il fe plongea dans fa fiupide ignorance. Avec un profond mépris pour tous ceux qui penfoient en favoir plus que lui.Loubli de toute religion conduit à l'oubli des devoirs de l'homme. Ce progrès étoit déja plus d'à - moitié fait dans le coeur du libertin. Ce n'étoit pas pourtant un enfant mal né; mais l'in crédulité, la misère, étouflänt peu-'a - peu le naturel, l'entraî nerent rapidement 'a fa perte ne lui préparoient que les moeurs d'un gueux la morale d&...